
Dans ce roman iconoclaste, l'auteur aborde pour la première fois en littérature le drame d'un prêtre déchiré entre son idéal de sainteté et l'attirance irrésistible qu'il éprouve pour un bel adolescent que sa mère lui a confié pour son éducation.
Ce roman, articulé sur plusieurs plans, sans jamais sacrifier aux expédients racoleurs qu'un tel thème aurait pu inspirer, s'avère être une plongée dans les profondeurs de l'âme de ce religieux, horrifié d'avoir pu céder à la tentation.
Pour épargner à l'Eglise d'être éclaboussée par ce scandale, il se résoudra au meurtre de son protégé avec la complicité de sa mère.
Il n'en éprouvera ni remords, ni culpabilité puisque selon lui, c'est Dieu qui a exigé ce meurtre en guise de sacrifice, de preuve absolue de son repentir et de sa foi.
C'est pour se convaincre que cette voix était celle-là même qui ordonna à Abraham de sacrifier son fils Isaac que le prélat se livrera avec une impitoyable lucidité à l'examen des faits et des circonstances qui ont été à l'origine de son crime.
Un crime dont il reste convaincu qu'il n'a pu être qu'agréable à Dieu selon le mot de Sören Kierkegaard, puisque exigé par Lui.
Aujourd'hui, un tel meurtre serait jugé comme un crime abominable. Mais à la lumière de la foi ne devient-il pas, toujours selon Sören Kierkegaard, un acte de sainteté ?
Notre société peut-elle tolérer cette expression radicale de la foi lorsqu'elle devient folie de Dieu ? Source incessante de scandale ?
C'est la question que pose ce roman sans jamais y répondre.
L'auteur, d'origine suisse-italienne, a publié essais et romans. Il a été journaliste à COMBAT, critique à La Quinzaine littéraire et correspondant culturel du Courrier de Genève. |